"L'ancien régime, les frères musulmans et la transition: l''Etat profond' en embuscade?".

November 2013 (unpublished).

Dès février 2011, les différents groupes révolutionnaireset les Frères musulmans se sont efforcés d’attirer l’attention des Egyptiens sur la menace représentée par les forces hostiles à la révolution, se plaignant tantôt des manœuvres des « fulûl » – terme utilisé pour évoquer les restes de l’ancien régime et de l’ancien parti présidentiel tantôt du complot ourdi par l’ « Etat profond » contre le nouveau pouvoir islamiste issu des urnes – référence à l’expérience turque des décennies 1990 et 2000. Après l’accession de Muhammad Mursî à la présidence en juin 2012, les partisans de l’ancien régime ont été régulièrement accusés de mettre en échec le gouvernement dirigé par les Frères musulmans.

Le renversement de Mursî par l’armée le 3 juillet 2013 et l’instauration d’une nouvelle « feuille de route » pour la transition excluant les Frères musulmans ont montré que les craintes de ces derniers étaient fondées. Nombreux étaient ceux, au sein des institutions et de la société en général, qui souhaitaient leur échec et attendaient une opportunité de les chasser du pouvoir. Leur incapacité à lire la situation politique, et leur choix de passer en force au lieu de rechercher un consensus ont cependant joué un rôle déterminant dans leur éviction et l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle coalition dans laquelle plusieurs groupes liés à l’ancien régime tiennent une place centrale.